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Convaincre un public hostile


Insultes, sifflets, bronca…pour un mot employé mal à propos, un mot ressenti comme une provocation, ou tout simplement parce que nous ne sommes pas en terrain conquis, notre auditoire s’est maintenant retourné contre nous et nous exprime clairement son hostilité.

En l’espace d’un instant, la situation vient de nous échapper. Chercher à nous excuser pour tenter de calmer l’auditoire, c’est courir le risque d’empirer la situation. Il est encore temps de réagir. Convaincre avec son corps, convaincre avec ses mots et convaincre avec son coeur sont les trois actions à mener simultanément pour ramener le calme et reconquérir l’auditoire.

Convaincre avec son corps

Convaincre avec son corps, c’est nous rappeler que le « langage corporel » produit le message superficiel que nous adressons à l’auditoire – notre attitude, notre regard, les expressions de notre visage. Ainsi, nous augmentons les chances de conquérir cet auditoire hostile si notre corps est l’affirmation physique et donc perceptible par lui de ce que nous disons. Quand on croit en ce que l’on dit, le corps ne peut pas trahir: il est la chair de la parole donnée.

Puisque nous croyons en ce que nous disons, le corps se tient droit. Le regard s’empare de l’auditoire. Face à ce public hostile, nous ne cédons pas à la colère ni à l’indifférence: nous savons que l’autorité se construit en assumant nos actes comme nos paroles. Alors, le regard embrassant le public en général et fixant certaines personnes en particulier, les plus vindicatives surtout, nous répondons à l’adversité par la confiance que nous plaçons en nous. Assis, nous nous lèverons, nous nous déplacerons et nous nous avancerons vers l’auditoire en lui intimant le silence, sans faire preuve d’autoritarisme. Une fois le calme revenu, nous allons reformuler le propos que nous venons de tenir.

Convaincre avec ses mots

Convaincre avec ses mots, c’est nous rappeler que c’est du choix de notre vocabulaire dont dépend notre force de conviction: ainsi, on parle d’ « éléments de langage » pour qualifier les mots et expressions que nous plaçons délibérément dans le corps de notre message. Or, lorsque ces éléments de langage sont utilisés mal à propos, il peuvent susciter cette désapprobation violente à laquelle nous faisons face.

Puisque nous croyons en ce que nous disons, nous ne ferons pas machine arrière en nous confondant en plates excuses, en suppliant que silence se fasse. D’ailleurs, nous ne parlerons pas tant que le calme ne sera pas revenu. Le vacarme est le temps que nous allons employer à réfléchir aux mots que nous allons dire, au discours que nous allons tenir. Nous sommes venus soumettre notre opinion à l’approbation du public, en aucune façon nous soumettre à son injonction de nous taire.

Convaincre avec son coeur

Convaincre avec son coeur, c’est nous rappeler que c’est de notre engagement personnel dont dépend l’adhésion de l’auditoire. Nous ne communiquons pas véritablement si nous ne tenons pas un propos qui ne soit l’émanation exacte du coeur. Car à force de trop anticiper, trop préparer nos éléments de langage comme pour dissimuler les failles de notre argumentation, nous perdons en authenticité et en honnêteté: souvenons-nous que connaître un texte « par coeur », cela signifie le déclamer « avec le coeur ». Un auditoire perçoit si nous ne sommes pas convaincus de ce que nous disons. Le coeur est celui qui conduit la parole.

Puisque nous croyons en ce que nous disons, nous n’avons pas honte de dévoiler ce que dit notre notre coeur. Ainsi, concéder trop facilement avoir des regrets quant à ce que nous venons de dire est un acte irresponsable et ne fera qu’aggraver la situation. Mieux vaut assumer ce qui vient d’être dit en prenant soin de recourir à des mots plus appropriés – des mots dits avec le coeur.

Convaincre avec son corps, ses mots et son coeur: telle est notre ligne de conduite, nous qui ne cherchons rien d’autre qu’à dire la vérité.

David Jarousseau