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La récitation de textes poétiques est l’initiation parfaite aux mystères de la musicalité de la langue française. Comme les générations d’élèves avant nous, et comme celles qui nous suivront, nous apprenons par coeur les vers des grands poètes de l’Antiquité et de la Modernité.

Avec le temps, nous ne pratiquons plus l’apprentissage par coeur. Pourtant, cet exercice est indispensable pour préparer un entretien d’embauche, une négociation, une interview ou une conférence parce qu’il permet de prononcer un discours dont nous avons la maîtrise.

Apprendre par coeur est une clé de réussite. Car apprendre par coeur ne veut pas dire répéter comme un perroquet, devenir incapable d’improvisation et de spontanéité. Apprendre par coeur, cela veut dire se préparer à déclamer un discours que nous connaissons intimement. Apprendre par coeur, c’est apprendre avec le coeur.

Une méthode efficace pour mémoriser un discours est d’abord de le lire du bout des lèvres, de l’enregistrer ensuite puis de le réciter enfin à haute et intelligible voix devant le miroir. Inlassablement, nous répéterons le processus autant que nécessaire.

1) La lecture du bout des lèvres – imprégnation

La lecture est la condition initiale de l’apprentissage par coeur, étape sans laquelle la mémorisation est impossible. Lire, lire et relire encore notre discours permet, par couches successives, de nous en imprégner afin que s’enclenche le processus de mémorisation. Cette lecture peut être muette, intérieure, spirituelle. Mais la lecture du bout des lèvres, comme une prière sourde, favorise l’imprégnation du discours.

La lecture du bout des lèvres est d’autant plus efficace qu’elle est réalisée avant de nous reposer. Lire et relire un passage de notre discours avant de nous assoupir, c’est  vivre au réveil l’étonnement de le connaître par coeur.

2) L’enregistrement – mémorisation

Après avoir lu à de multiples reprises et du bout des lèvres notre discours, le moment est venu de le lire à haute voix et de l’enregistrer. Pour réaliser cette étape, nous articulerons exagérément chaque syllabe et nous respecterons scrupuleusement la syntaxe en marquant des pauses.

Après lecture intégrale du texte, nous l’écouterons régulièrement, partiellement ou intégralement, pour passer de la phase d’imprégnation à la phase de mémorisation. Cette écoute du discours peut être passive, en nous adonnant dans le même temps à une tache non intellectuelle, ou au contraire active, en synchronisant notre récitation sur l’enregistrement du discours.

3) Le miroir – déclamation

A force de répétitions, nous connaissons désormais le texte par coeur. Il nous faut donc vérifier notre capacité à le déclamer en le récitant à haute et intelligible voix devant le miroir, c’est-à-dire face à nous-mêmes.

Le miroir nous fait prendre en compte notre communication non-verbale, autrement dit notre gestuelle et les expressions de notre visage. Cette manière de procéder nous prépare également à nous adresser à notre interlocuteur sans ne jamais être déstabilisé par son regard. Ses yeux ne sont-ils pas les mêmes que les nôtres lorsque nous récitons notre discours devant le miroir?

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De tout ce qui précède, rappelons-nous de deux choses essentielles. La première chose, c’est que l’apprentissage par coeur est un exercice indispensable à toute personne en situation de communiquer et qui cherche à améliorer sa force de conviction.  Personne n’échappe à cette obligation.

La deuxième chose, c’est que nous mémoriserons d’autant plus facilement notre discours qu’il entre en phase avec qui nous sommes. Nous l’annoncions plus haut: apprendre par coeur, c’est apprendre avec le coeur, ce coeur qui bat au rythme des mots que nous prononçons, qui nous correspondent et qui nous ressemblent.

David Jarousseau