#Punchline : To tweet or not to tweet – L’Affaire Georges Fenech
La communication publique a désormais un support de prédilection: Twitter. Les politiciens français en font un usage immodéré depuis qu’ils ont découvert les bienfaits d’une relation directe avec leurs compatriotes. Les journalistes n’ont plus l’exclusivité de la parole politique.
Un bon tweet répond à plusieurs critères. D’abord, il doit être concis pour ne pas dépasser 140 caractères. Ensuite, il doit être formulé de telle sorte qu’il marque immédiatement les esprits. Enfin, il doit être adapté aux circonstances et mûrement réfléchi pour ne pas être préjudiciable par la suite.
Si le député Georges Fenech avait pris en considération le troisième critère, il n’aurait pas communiqué comme il l’a fait au sujet de l’attentat perpétré à Manchester le lundi 22 mai 2017. Il se serait contenté d’une communication d’usage, digne et compassionelle. Mais pour le Député Les Républicains, l’occasion était trop belle de critiquer le gouvernement, caressant l’espoir de faire marquer des points à son camp en vue des élections législatives. Alors, il rédige à la hâte un communiqué qu’il adresse à l’AFP; il en extrait ensuite la punchline dont il est très fier et la publie tout de go sur Twitter:
#Manchester L’urgence du 1e gvt d’Emmanuel Macron est-elle un 13e loi moralisation vis publique depuis 1988 ou la lutte antiterroriste?
Mauvaise pioche. Le tweet crée la polémique. Devant les réactions indignées des internautes et la condamnation du propos par différentes personnalités publiques, son auteur le retire rapidement de sa page. Sage décision. Sur le plan symbolique, cela revient à déclarer: « je retire ce que j’ai dit. », ce qui est tout à son honneur. Faute avouée, à moitié pardonnée. Il est sage de reconnaître ses erreurs.
Mais il est trop tard: le mal est fait. Un homme politique a une responsabilité plus élevée que ses concitoyens. Chaque mot compte. Georges Fenech publie alors plusieurs communiqués pour tenter d’effacer des mémoires ce propos qu’il regrette. Le 23 mai, il déclare:
Aucune récupération politicienne des attentats! Union sacrée et priorité absolue pour la lutte contre le #terrorisme.
Cette communication habile donne le sentiment qu’il dénonce ce que lui même a fait la veille. Les internautes se seraient-ils trompés? Est-ce bien Georges Fenech qui a défrayé la chronique en publiant un communiqué maladroit?
Hélas, une capture d’écran du tweet a entre temps été réalisée par le journaliste Jerôme Godefroy. Les paroles s’envolent, les écrits restent.