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Au cours d’un débat, les parties qui y prennent part cherchent à faire prévaloir leur opinion. 

Plusieurs conceptions du monde s’affrontent, chacune en lutte pour la transformation de la vérité en une approche de l’Idéal, du Bien commun. En réalité, nous pourrions réduire les forces prenant part au débat à deux forces: la Doxa et le Paradoxe.

La Doxa : la pensée dominante

La Doxa peut se définir comme la somme des opinions dont une majorité de personnes, à un moment donné de l’Histoire, s’accorde à dire qu’elles sont vraies. Qu’elle soit fondée sur la morale, le droit, la philosophie ou la science, la Doxa est la base de la rencontre socioculturelle, la fondation d’une société : elle est la perception du monde qui prédomine. En guise d’exemple, sur un échantillon d’individus, une importante majorité considérait les axiomes suivants comme vrais :

  • Tout homme est mortel
  • 2+2=4
  • Deux droites parallèles ne se croisent pas
  • Les fantômes n’existent pas
  • La Terre tourne autour du Soleil.  

En dépit de l’irréfutabilité apparente de ces postulats auxquels souscrit la majorité de nos contemporains, ils ne sont que rarement considérés comme vrais en toute connaissance de cause: c’est plus souvent par conformité, par commodité, par habitude ou par peur. En réalité, la Doxa est la transformation d’une posture marginale en opinion dominante.

Prenons un exemple significatif : en ce XXIème siècle, affirmer que « l’homosexualité n’est pas une maladie mais une orientation sexuelle » est la Doxa. A la suite du psychiatre américain Brill, l’OMS a ratifié ce principe en 1985. Depuis, conférer une autre définition à l’homosexualité est marginal mais aussi et surtout préjudiciable, tant sur les plans juridique qu’éthique.

Or, au XIXème siècle, à la lueur de la science psychiatrique (Doxa du XIXème siècle), l’homosexualité était précisément définie comme une maladie mentale et l’écrivain britannique Oscar Wilde fut interné en hôpital psychiatrique. Ce simple exemple tend à démontrer que la Doxa n’est qu’une vérité relative établie à partir de critères socioculturels déterminés dans le Temps. La Raison est donc la variable aléatoire de la pensée.

Le Paradoxe: l’opinion sous-jacente

Le Paradoxe est la « perception anormale de l’existence » : il comporte d’autres modalités du Réel, d’autres conceptions du monde, en progression ou en régression. Le Paradoxe est constitué des opinions minoritaires, marginales, excentriques mais peut aussi être compris comme l’opinion majoritaire qui n’existe plus ou qui n’existe pas encore…

Un échantillon plus restreint d’individus considére comme vrais les axiomes suivants :

  • La mort n’existe pas
  • 1+1= 1
  • Deux droites parallèles peuvent se croiser
  • Les fantômes existent
  • La Terre est une pomme

La mort existe-t-elle ? Pour les croyants, la mort n’est pas une fin mais une métamorphose ; par ailleurs, la science ne sait toujours pas déterminer le moment exact de la mort ! Pouvons-nous soutenir que 1+1=1 ? Absolument : sur une base binaire, 1+1=0 ou 1. Deux droites parallèles peuvent-elles se croiser ? Dans une géométrie non-euclidienne, absolument. Les fantômes existent-ils ? Oui, sous réserve de s’appuyer sur son étymologie, « phantasma »… La Terre est-elle une pomme ? Oui : cela dépend de la vibration de la lumière, de la couleur de mes lunettes, de ma démarche poétique basée sur les correspondances ou encore de mon désir de concevoir la vie selon mon bon-vouloir.

Et que penser du paradoxe mathématique selon lequel 1=0,9999… ?

Soit x = 0.9999…
=> 10x = 9.9999…
=>10x-x = 9.9999…-0.9999…
=>9x = 9
=> x = 1

Dans l’espace infini du Paradoxe, l’Homme explore la signification possible du Monde : tout énoncé y est vrai puisque je peux le formuler, et je peux même entreprendre de le démontrer. Que ceux qui pensent le contraire nous en fournissent les preuves !

Qu’elle soit philosophique ou politique, il n’existe donc aucune citadelle qui ne soit imprenable.

David Jarousseau